Je photographie souvent avec une chambre, une chambre photographique je veux dire, car cet appareil me permet d’avoir la lenteur que je cherche. Avec une chambre, ou un autre appareil de ce type, un moyen format par exemple, posé sur un trépied, on a le temps, et on a tout de suite une distance et un rapprochement qui se fait avec le sujet.
Une distance, distance nécessaire pour le regarder, pour regarder l’homme ou la femme ou l’enfant en face de moi, pour parler et trouver comme un tempo commun.
Un rapprochement, car avec un appareil posé à côté de moi, et non devant moi, j’allège les rapports d’un écran de plus (ou de moins), quel que soit cet écran. La chambre sur son trépied me permet une médiation avec le monde, trouver et tourner autrement, et se rapprocher par subtils paliers.
C’est donc une question de temps et de place, mais aussi, parce que c’est cela qui est contenu dans cette boite de Pandore, c’est une question de tableaux, de peintures, de livres et de musiques, qui tout à coup sont prêts à surgir dans quelques dixièmes de secondes et trouver un réagencement tout nouveau avec ce visage en face de moi, cette femme assise ou cette assiette contenant quelques fruits dans la pénombre et le songe d’une après-midi d’été.